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Dépossession


2025
Vidéo 4K monocanal, son stéréo
19 min 02 sec

Dépossession est un travail vidéo qui explore les relations entre nature, individu et capital dans la chaîne de production mondialisée. Elle met en lumière la manière dont le capital, par la proclamation de sa souveraineté sur la nature, son extraction et sa marchandisation, transforme non seulement la matière naturelle, mais reconfigure en profondeur les modes de perception, les structures du désir et les identités humaines. Dans ce processus, la nature est arrachée à son contexte écologique originel pour devenir un signe marchand circulant sur le marché global ; parallèlement, l’individu, pris dans le double cycle du travail et de la consommation, perd progressivement ses liens authentiques avec la nature, avec lui-même et avec autrui, s’enfonçant dans une aliénation à la fois invisible et universelle.


Le projet prend racine dans les carrières de Grand Antique et de Le Bénou, situées dans les Pyrénées françaises. Les roches y révèlent, par leurs structures de faille et leurs veinages originels, la sédimentation et le silence accumulés depuis des millions d’années. À travers des plans lents et des durées prolongées, j’ai enregistré le souffle imperceptible de la pierre sous les variations de lumière, préservant ainsi son existence en dehors de la logique capitaliste. Ce regard trouve un contrepoint marqué dans les premières et secondes usines de transformation du marbre à NanTong, en Chine, où le sciage, le polissage et la découpe en plaques standardisées illustrent la « re-codification » imposée par le capital. Ce n’est pas seulement une transformation matérielle : c’est aussi une reproduction idéologique et symbolique. Comme l’affirme Jean Baudrillard, l’objet naturel, intégré à la circulation marchande, perd son signifiant initial au profit d’une valeur-signe circulant sans fin dans la société de consommation.


La structure narrative de l’œuvre intègre les figures de la danseuse et de la chauve-souris. La danseuse incarne la liberté corporelle, la créativité et l’expression originelle de soi, mais dans le système spectaculaire du capital, ce corps est lui aussi absorbé par le circuit de la performance et de la consommation, devenant un signe culturel marchandisé. La chauve-souris, quant à elle, porte une double identité : espèce naturelle ayant modifié ses habitudes pour s’intégrer à l’environnement humain, et créature obscure nichant à la frontière du naturel et de l’artificiel. Ces deux figures se répondent pour refléter la condition psychique contemporaine : nous aspirons à préserver la créativité et la liberté de notre être, tout en étant incapables d’échapper au cycle incessant de marchandisation et de façonnement par le contrôle social. Ici, l’analyse marxienne du « travail aliéné » rejoint la logique du « simulacre » chez Jean Baudrillard : corps, nature et signe se substituent les uns aux autres dans le cycle du capital, jusqu’à transformer le sujet en spectateur, consommateur et reproducteur passif.

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