
Quand on tape fort
2025
Vidéo et son, HDR couleur
Durée 05'45''
Cette vidéo explore l'aliénation entre l'image féminine contemporaine et les fleurs artificielles — une beauté parfaite mais vidée de sa substance affective. À l'image des fleurs artificielles, éclatantes mais privées de vie, la féminité se trouve plastifiée par les discours médiatiques et la machine consumériste, devenant un leurre qui masque la réalité froide de l'hyper-urbanisation et de l'aliénation sociale.
Inspirée par Maya Deren et son exploration du seuil entre rêve et réalité, la narration visuelle brouille intentionnellement ces frontières. La protagoniste, dans une gestuelle ritualisée, frappe sans relâche les murs de béton armé des centres commerciaux. Ce acte symbolise à la fois la révolte contre l'expansion urbaine déshumanisante et la lutte intime d'un individu piégé dans l'engrenage matérialiste.
L'influence de Pipilotti Rist se manifeste dans la transformation de la fragilité en force subversive : comme elle défonce les pare-brises avec une fleur dans Ever Is Over All (1997), notre héroïne utilise ses mouvements répétitifs pour attaquer l'architecture symbolique du consumérisme. Chaque impact contre ces structures illusoires mais omniprésentes incarne une catharsis — colère contre l'ordre établi et appel silencieux à une authenticité étouffée.
Ce projet interroge la fabrication institutionnelle des identités et des désirs. Il propose une critique esthétique des systèmes qui transforment les corps en marchandises et les émotions en scripts prédéterminés.
Les fleurs artificielles ici ne représentent pas seulement la féminité standardisée, mais fonctionnent comme des prothèses existentielles dans un monde où même la rébellion doit être "esthétiquement conforme". Leur éclat immuable devient miroir de nos propres contradictions : aspirer à la vulnérabilité vivante tout en adorant les icônes lisses de la perfection marchande.